Crédit Ilya Schurov , Computerra Weekly — CC
Il y a un an disparaissait Ian Murdock et avec lui, une partie du cœur des défenseurs du logiciel libre. Nous souhaitons rendre hommage au fondateur de Debian, car chez Savoir-faire Linux, nous utilisons son héritage tous les jours.
Le libre avant tout
Étudiant à l’université Purdue, Ian Murdock découvre Linux au début des années 90. Fasciné par son éthique et sa vision, il plonge dedans avec passion. En 1993, à seulement 20 ans, Ian Murock amorce son projet Debian, dont le nom trouve son origine dans la contraction du prénom de sa femme Debra Lynn et de Ian, son propre prénom. Développé initialement avec la collaboration d’un petit groupe de Hacker du Libre, Debian devient rapidement l’une des premières distributions Linux, ouverte et gratuite à connaître le succès et à rassembler une communauté croissante de développeurs et d’utilisateurs du Libre. La même année, Ian Murdock publie le Manifeste Debian, qui scelle la philosophie humaniste en arrière-plan du projet informatique. Elle s’inscrit dans la ligne droite de l’esprit du projet GNU et de Linux :
1. Debian restera un projet entièrement libre.
2. Tous les nouveaux développements reviendront à la communauté.
3. La transparence est un bien acquis.
4. Les utilisateurs et le logiciel libre sont les priorités du projet.
5. Exceptions aux principes du logiciel libre prévus pour répondre à tous les besoins.
À cela s’ajoutent plusieurs principes enchâssés dans un contrat social, une constitution et une série d’instructions, démontrant une vision axée sur la diversité et la non-discrimination que ce soit des utilisateurs ou des logiciels et une distribution libre et gratuite, principes clés de Debian.
Un projet communautaire aux ramifications infinies
Aujourd’hui, le projet Debian compte plus d’un millier de développeurs officiels sans oublier plusieurs centaines de contributeurs occasionnels et contient pas moins de 43 500 paquets logiciels. Chaque version de Debian dont la sortie varie en fonction du degré de stabilité porte le nom d’un personnage du film d’animation Toy Story des studios Pixar – ma préférence va à Monsieur Patate et vous?
Comme dans toute organisation basée sur le libre, les développeurs peuvent entreprendre des forks, une branche du projet qui aura sa propre continuité. Et les forks du projet Debian sont nombreuses. Sans les nommer de manière exhaustive, on peut citer Ubuntu que nous utilisons chez Savoir-faire Linux, Xubuntu ou encore SteamOS.
Un autre caractère distinctif de Debian est son mode organisationnel. Lors de sa découverte de Linux et du modèle du logiciel libre, Ian Murdock reste profondément marqué par l’aspect communautaire du projet. À son tour, il a voulu donner au suivant. Le projet Debian est dès lors chapeauté par une fondation à but non lucratif, la Software in Public Interest (SPI), au sein de laquelle une communauté de développeurs bénévoles décide des orientations et des développements futurs. Un chef du projet est élu chaque année par les membres. Ian Murdock passe naturellement le relais à d’autres chefs, mais gardera un œil dessus, notamment par le biais de son poste de secrétaire de la fondation.
Ring sur Debian
Grâce au travail d’Alexandre Viau, Debian Developer et développeur chez Savoir-faire Linux, notre projet Ring est accepté depuis le 30 juin 2016 sur Debian testing, les dépôts de développement de Strech, la prochaine version de Debian. Une formidable reconnaissance pour l’équipe Ring de Savoir-faire Linux et une bonne nouvelle pour les utilisateurs qui peuvent désormais installer Ring à partir des dépôts de leur distribution Debian sans avoir à ajouter ceux de ring.cx.
Afin de présenter Ring à la communauté Debian, Alexandre et son collègue Simon Désaulniers ont participé à la DebConf 2016, dans la ville du Cap, en Afrique du Sud. Ils ont également profité de cet événement international du Libre pour présenter de l’OpenDHT, notre système de table de hachage distribué, au cœur du projet Ring. Le paquet libopendht a par ailleurs fait son apparition sur Debian experimental pendant la DebConf.
Au regard de Gabriela Coleman, professeure et chercheure à l’Université McGill, outre la communauté créée autour du projet, l’héritage de Ian Murdock repose sur le fait qu’il y ait insufflé une culture de la collaboration issue de GNU et Linux, ce qui fait du projet Debian une réussite bien plus large que le développement technique d’un produit informatique de bonne facture.
Bel hommage à Ian Murdock. Personnellement, je suis un fan de Linux Mint et du travail de Clément Lefebvre. Mint est disponible sur les sources d’Ubuntu mais aussi sur celles de Debian directement avec la LMDE (Linux Mint Debian Edition)!