La blockchain, un instrument que d’aucuns qualifient de révolutionnaire, risque bien de changer profondément les structures d’une société verticale. Ring s’en sert pour développer son annuaire de manière sécurisée et décentralisée.
La blockchain, ou chaîne de bloc, est la technologie qui sous-tend le Bitcoin, cette crypto-monnaie digitale, qui attise autant les inquiétudes que les convoitises du secteur financier.
Mais, au-delà du Bitcoin, le blockchain recouvre d’autres possibilités grâce à son fonctionnement décentralisé, anonyme et sécurisé. Et il soulève des enjeux de gouvernance à même de bousculer la conception des organisations. C’est d’ailleurs l’un des thèmes abordés lors de l’Open Source Summit de Paris les 16 et 17 novembre prochains.
Une société décentralisée, sans tiers de confiance
Ses promoteurs n’en ont aucun doute : la technologie blockchain sera un changement aussi important que l’invention du World Wide Web. Car elle porte en elle un projet d’une société décentralisée, où la notion même des tiers de confiance sera bouleversée, voire vouée à disparaître.
La blockchain fonctionne comme un grand livre comptable public, qui enregistre toutes les transactions passées entre les acteurs, constituant ainsi une base de données que partagent tous les utilisateurs. Leurs identités sont systématiquement vérifiées par une combinaison de clés publiques et privées. Les transactions sont regroupées en un bloc, qui sera crypté et certifié par les nœuds du réseau – les autres utilisateurs appelés mineurs- puis ce bloc sera ajouté à la chaîne de blocs, distribuée à tous les acteurs.
Trois notions fondent les principes de la blockchain : la désintermédiation, la traçabilité et le consensus distribué. Les utilisateurs organisés en nœuds décentralisés agissent comme autorité de validation, d’autant que les transactions sont retraçables dans le registre public et partagé. Le consensus distribué réside dans le fait que chaque nœud reçoit la même chaîne d’informations horodatées via ce grand livre de compte, et chaque modification doit être approuvée par la majorité des participants.
Née de la rencontre entre la cryptographie et les réseaux décentralisés, la blockchain a poussé sur le terreau politique et économique de la crise de confiance envers le système bancaire en 2008. Outre le Bitcoin, fondé par le très mystérieux Satoshi Nakamoto, plusieurs architectures dites trustless se mettent en place, dont celle d’Ethereum. Cette fondation à but non lucratif, reprend les mécanismes de la blockchain, le registre de comptes identifiés et l’historique infalsifiable pour faire exécuter n’importe quel type de code, appelé «smart contract».
La blockchain, maillon essentiel de l’annuaire de Ring
À partir de cette technologie Ethereum, l’équipe de Savoir-faire Linux a fait appel à la blockchain pour constituer sa base de données avec des garanties cryptographiques. Le smart contract est alors le registre de noms publics, associant ceux-ci aux RingID, originellement créées par l’application. Comme dans toute blockchain, «chaque maillon dépend des éléments précédents pour garantir l’infalsifiabilité de la base de données» nous explique Adrien Béraud, ingénieur système, responsable de la bibliothèque de table de hachage distribué OpenDHT.
L’utilisation de la blockchain dans la création d’un annuaire de clés publiques répond ainsi à plusieurs objectifs de Savoir-faire Linux : préserver l’aspect de réseau distribué que représente Ring, garantir la sécurité avec les clés cryptographiques et de laisser à l’utilisateur la liberté de s’inscrire sur ce bottin. «Cette option passe par la possibilité de ne pas s’enregistrer sur la base de données et conserver seulement son RingID pour communiquer sur le réseau » détaille Adrien Béraud.
L’écriture du contrat est la clé du succès. L’utilisation de l’annuaire décentralisé sera toujours optionnel, il sera donc possible de garder le pseudo-anonymat d’un RingID non-associé à un username ». Après avoir analysé les erreurs ou les failles des contrats antérieurs, l’équipe de développement de Ring chez Savoir-faire Linux s’applique à «écrire un code au design simple, avec une grande minutie». De plus, les fonctionnalités seront limitées dans un premier temps, par exemple la possibilité de changer les noms d’utilisateurs et de les échanger ne sera pas disponible à l’heure actuelle.
«Nous nous concentrons également sur une procédure d’assurance qualité rigoureuse, de la révision de code et nous comptons enfin sur les contributions extérieures» conclut-il.
Vous voulez contribuer au succès de Ring ainsi qu’au développement de la philosophie blockchain, venez faire du code avec nous!
Références
Comprendre la blockchain, Livre blanc, licence Creative Commons, U, janvier 2016
Privacy on the Blockchain, Vitalik Buterin, Ethereum Blog, 15 janvier 2016
Les smart contracts pour les non développeurs, Blogue Ecan, 23 juin 2016
The Revolution will (not) decentralised: Blockchains, Rachel O’Dwyer, Commons Transitions, 11 juin 2016
Thinking through Law and Code – The future of State and Blockchain, Julian Feder, Backfeed magazine, 17 janvier 2016
Code is Law, Lawrence Lessing, Harvard Magazine, 1er janvier 2000
Blockchain reaction, tech companies plan for critical mass, Ernst & Young Report, 2016
Lexique de la blockchain, Blockchain France