Le 11 novembre 2015, un groupe de passionnés se retrouvait à Édimbourg en Écosse, pour la 5ème édition de la LDAPCon. Cette conférence internationale bisannuelle sur LDAP, et plus largement sur les questions de gestion des identités, d’authentification et d’habilitation, est l’occasion de rencontrer les acteurs les plus importants du domaine. Développeurs de serveurs d’annuaires et d’outils de gestion, intégrateurs reconnus et utilisateurs avancés ont partagé beaucoup d’informations en deux jours, faisant ainsi le point sur l’activité de la communauté et permettant de s’assurer que celle-ci est bien vivante!
Pour ma part, j’y étais d’abord et avant tout en qualité de membre des communautés LemonLDAP::NG, LDAP Tool Box et LDAP Synchronization Connector. J’ai ainsi eu la chance de donner une conférence sur le protocole OpenID Connect. Je représentais aussi pour la première fois Savoir-faire Linux, l’un des commanditaires de l’événement, dont les badges « I ♥ LDAP » ont été très appréciés. 😉
Conférence d’ouverture : LDAP en 2020 ?
L’ouverture des conférences a été faite par David Goodman, une personnalité du domaine puisqu’il a travaillé depuis les années 1990 sur X.500 puis LDAP, au sein d’organisations comme IBM, Nokia ou encore Ericsson.
David a rebondi sur la conférence donnée par Ludovic Poitou en 2011 dont le titre provocateur était: « Is LDAP dead? » Deux ans plus tard, nous constatons bien qu’il n’en est rien et David tente d’imaginer ce qu’il en sera en 2020.
Pour cela, il retrace l’historique du protocole en partant de X.500, qu’il a contribué à faire connaître à travers PARADISE (Piloting A ReseArchers’DIrectory Service for Europe), un projet destiné aux opérateurs de télécommunications afin de prouver que ce protocole était viable. Mais confrontés à la complexité de X.500 et à des problématiques d’intégration avec les clients Mac et Windows, les concepteurs de X.500 ont imaginé LDAP, d’abord passerelle vers X.500 puis standard indépendant. Netscape annoncera finalement le support de LDAP en 1996. L’année suivante, LDAPv3 sortait et X.500 était considéré comme mort.
Qu’en est-il donc aujourd’hui? Les grands acteurs (Oracle, IBM, CA, Microsoft, pour ne citer qu’eux) proposent tous des solutions basées sur LDAP. Toutefois la révolution infonuagique semble laisser ce standard de côté. Azure AD, par exemple, n’offre pas d’accès via LDAP. On constate également que les développeurs sont désormais plus friands d’API XML ou JSON que de LDAP natif. Ne parlons pas non plus du succès des bases NoSQL.
Alors quel avenir pour LDAP? Encore considérablement implanté dans l’écosystème actuel, ce standard ne sera sans doute pas oublié dans cinq ans. Mais pour ne pas qu’il rejoigne les technologies obsolètes, il faut qu’il s’adapte aux nouveaux besoins: infonuagique, performance, outils de développement, cohabitation avec d’autres standards (SCIM, par exemple).
Le protocole OpenID Connect
Il était difficile de démarrer cet événement sur LDAP en parlant d’un tout autre protocole, mais le choix de la programmation en fut ainsi. J’ai donc pu présenter rapidement le standard OAuth 2 avant de parler d’OpenID Connect, protocole basé sur OAuth 2 et JOSE, la couche de sécurité de javascript (signature et chiffrement de données JSON).
Comparé à SAML, OpenID Connect incarne la nouvelle génération: utilisation de REST, gestion d’un mode déconnecté, adaptation aux applications mobiles, etc.
J’ai pu constater que malgré sa jeunesse (il n’a été standardisé qu’en 2014), ce protocole est déjà bien connu et suscite l’intérêt des grands acteurs comme des communautés qui, soit l’ont déjà intégré à leur produit, soit prévoient de le faire au cours des prochains mois. C’est d’ailleurs le cas de LemonLDAP::NG, dont la version 2.0 offrira le support d’OpenID Connect.
Les autres conférences
Les conférences données pendant ces deux jours ont été passionnantes et il serait difficile de toutes les résumer dans cet article. Si cela vous intéresse, les présentations sont disponibles sur le site web de LDAPCon 2015.
Quelques éléments à retenir:
- LDAP s’utilise aussi en mode asynchrone et certains éditeurs d’annuaire ont proposé des améliorations du protocole permettant d’améliorer les performances de ce type de requêtes. OpenLDAP proposera même le module back-asyncmeta dans la version 2.5.
- Le support des transactions arrive dans OpenLDAP 2.5 comme dans d’autres produits.
- LDAP c’est cool! Même GitHub l’utilise…
- On peut se débarrasser de NIS grâce DBIS (mais ce n’est pas la seule solution).
- La réplication des annuaires est toujours un gros sujet et FreeIPA publiera prochainement sa nouvelle implémentation basée sur son module topology
- On va toujours plus vite, avec l’application dorsale (backend) WiredTiger ou les nouvelles améliorations de LMDB. On va même presque trop vite puisque les démons de log systèmes ne peuvent plus suivre
- Samba, avec un annuaire OpenLDAP comme backend, ça avance! Et ce sera aussi lié à OpenLDAP 2.5.
- On sait aussi que cette nouvelle version d’OpenLDAP (même si aucune date de sortie n’est annoncée) offrira des outils
slapmodify/slapdelete
, le support des courbes elliptiques de OpenSSL, un module TOTP, la désactivation de bases ou d’overlays dans cn=config
et tout ce qui a déjà été dit plus haut. - Pour mieux visualiser la conférence, consultez les belles photos de Ludovic Poitou.
[…] eu l’occasion de présenter ce protocole dans différentes conférences, comme à la LDAPCon en novembre dernier […]